Le Parlement européen a approuvé le 8 mai 2025 une modification des règles d'émission de CO2 pour les nouvelles voitures particulières et les véhicules utilitaires légers. Les parlementaires souhaitaient ainsi donner à l'industrie automobile européenne plus de marge de manœuvre pour respecter les objectifs d'émission. La nouvelle réglementation permet aux constructeurs de véhicules de faire la moyenne de leurs émissions de CO2 sur toute la période 2025-2027. La réalisation des objectifs annuels n'est donc plus obligatoirement requise.
La proposition de la Commission européenne a été adoptée avec 458 voix pour, 101 contre et 14 abstentions. Deux jours auparavant, le Parlement avait déjà décidé de traiter le processus législatif en mode urgence. Le Conseil des États membres de l'UE avait approuvé la proposition dans la même forme le 7 mai. La nouvelle réglementation pourra donc entrer en vigueur prochainement.
Réaction face à un marché des voitures électriques stagnant
Cette mesure fait suite à une faiblesse notable des ventes de véhicules électriques ainsi qu'à une pression concurrentielle croissante de la part de fabricants non européens. La Commission européenne souligne que les objectifs
climatiques ambitieux ne seront pas remis en question fondamentalement. Il s'agit plutôt d'ajuster le cadre temporel pour l'évaluation afin de préserver la marge de manœuvre industrielle. Pour la période 2025-2029, l'objectif de réduire les émissions moyennes des nouveaux véhicules de 15 % par rapport à 2021 reste en vigueur.
Ferber : « Plus de marge de manœuvre »
Un soutien significatif à la décision est venu du groupe conservateur. Markus Ferber, porte-parole des politiques de transport du groupe CSU au Parlement européen, a qualifié cette étape de « nécessaire d'urgence ». En raison des pénalités menaçantes dues à de faibles ventes de voitures électriques, les fabricants allemands en particulier sont soumis à une forte pression.
« Je suis heureux que le Parlement européen ait ouvert la voie aujourd'hui », a déclaré Ferber.
Le politicien de la CSU a souligné que la flexibilisation ne représentait pas un abandon des objectifs de réduction, mais plutôt une réaction pragmatique à la réalité économique.
« La proposition de la Commission ne résoudra pas les problèmes de l'industrie automobile à elle seule. Elle offre cependant
aux fabricants plus de marge de manœuvre en ces temps économiquement tendus », a-t-il ajouté.
Il plaide également pour une révision complète des limites de la flotte et une annulation de l'interdiction décidée des moteurs à combustion. Sans ouverture technologique, la décarbonisation des transports routiers ne réussira guère.
Bloss : « Marche arrière au lieu de technologie d'avenir »
La critique sévère est venue des Verts. Michael Bloss, porte-parole des politiques climatiques et industrielles de son groupe au Parlement européen, a accusé la majorité au Parlement de répéter l'erreur stratégique du passé.
« D'abord, on a hésité pendant des années à engager l'essor de la mobilité électrique, et maintenant on passe la marche arrière », a déclaré Bloss.
Cette orientation a largement contribué à l'avantage pris par les fabricants chinois sur le marché mondial. La poursuivre équivaut à une « action kamikaze ».
Bloss a mis en garde contre une rupture avec le Green Deal européen et a appelé à un large paquet de soutien pour la mobilité électrique. Outre une réduction des prix de l'électricité aux bornes de recharge,
il a proposé des modèles de leasing social et une réorientation du privilège des voitures de fonction exclusivement en faveur des véhicules électriques. Selon lui, les flottes d'entreprises devraient également être légalement obligées de s'électrifier.
Implications pour le transport de marchandises par route
Pour les entreprises de transport de marchandises utilisant des véhicules utilitaires légers dans la distribution urbaine, la décision signifie avant tout une chose : plus de stabilité dans un environnement de marché récemment volatil. La perspective d'une pression réglementaire d'ajustement réduite pourrait avoir un effet modérateur sur les fluctuations de prix et les pénuries d'approvisionnement - à condition que les fabricants utilisent l'espace disponible pour continuer à développer stratégiquement leurs gammes de modèles.
Sur le long terme, il reste à voir si la flexibilisation conduira effectivement à un meilleur équilibre entre la protection du climat et la politique industrielle - ou si elle retardera les investissements nécessaires dans les moteurs alternatifs. Pour les entreprises de transport de marchandises par route, ce ne sont pas seulement la taille de l'objectif légal qui importe, mais aussi sa mise en